Les jeux vidéos peuvent-ils rendre accros ?
L’arrivée en France de la playstation 2 a provoqué de nombreuses émeutes et autres manifestations d’hystérie. Cela est-il uniquement lié à la politique marketing, qui prévoyait un petit nombre de consoles disponibles, ou existe-t-il de véritables accrocs aux jeux vidéos, qui ne peuvent se passer de cette machine à délivrer des sensations ? Les joueurs qui passent des nuits blanches devant leur écran sont-ils des toxicomanes ?
Oméga 3 Isodis Natura
Jeudi 24 novembre 2000 à Paris, minuit pile. Bousculades, coups, blessures… Non, il ne s’agit pas d’une émeute ou d’une guerre des gangs, mais de l’arrivée de la dernière console de Sony, la playstation 2. Comment des personnes en arrivent-elles à se battre pour acquérir un simple boîtier en plastique bourré de puces ? D’une manière générale, ces acharnés du jeu sont-ils dépendants ?
Addiction à la playstation ?
Les jeux vidéos peuvent-ils créer une addiction chez les joueurs ? On peut légitimement s’en inquiéter. Qui n’a pas entendu parler de joueurs qui passaient des nuits blanches à refaire toute la Coupe du monde de football ou à essayer d’atteindre le niveau 42 d’un jeu d’aventure ?
Nombreux sont les chercheurs qui ont suivi de près les accros aux jeux vidéos. L’une des plus récentes études, menée sur 650 adolescents canadiens1, démontre que un joueur sur quatre y passe plus d’une heure par jour. Pour certains, cela atteint pratiquement la semaine des 35 heures… de jeu ! Sans parler d’addiction, cette étude souligne que ces gros consommateurs de distractions électroniques sont essentiellement des garçons solitaires.
Jeux vidéos et machines à sous : même combat ?
Les résultats d’autres études sont plus affirmatifs quant à la dépendance créée par les jeux vidéos : les joueurs deviendraient réellement dépendants, allant jusqu’à négliger leurs études ou leur travail et s’avérant incapable de s’arrêter. Une étude anglaise2 a même comparé les jeux vidéos à une forme de jeu de pari sans l’aspect financier. Cette étude prétendait ainsi qu’une addiction proche de celle liée à l’utilisation des machines à sous pouvait se développer.
Des travaux menés par la suite3 associent également les jeux vidéos et les jeux d’argent. Ces travaux proposent même un questionnaire permettant de déterminer la dépendance. Appliqué à 467 enfants, ce test a décelé 6 % de joueurs qui présentaient une addiction au jeu. Une étude4 de 1998, basée sur un test équivalent, parlait, quand à elle, de 20 % des adolescents accrocs aux jeux vidéos.
Accros or not accros ?
Cette prétendue dépendance est-elle une réalité ? Certes, aujourd’hui, il est clair que les jeux vidéos sont devenus un phénomène de société. Avec plus de 75 millions d’exemplaires vendus dans le monde, la playstation de Sony à d’ailleurs largement contribué à ce phénomène, élargissant la cible au-delà des habituels adolescents pour atteindre les jeunes adultes. Cet engouement a certainement entraîné des comportements excessifs, qui n’ont pas forcément les caractéristiques de l’addiction (impossibilité de s’arrêter, retentissements sur la vie professionnelle…). Plusieurs études soulignent que le succès des consoles de jeux auprès des jeunes est lié à la possibilité d’"agir sur l’écran", plus intéressante que le simple fait de regarder passivement la télévision. Il faut ajouter à cela que les enfants n’ont parfois pas le choix : dans certains foyers, la console de jeux est l’équivalent de la Baby-sitter…
Des jeux incontournables
Si vous n’êtes pas joueurs vous-même, et que vous vous inquiétez pour vos enfants, n’espérez pas les empêcher de toucher à une console. D’abord il serait certainement difficile d’aller à l’encontre d’un phénomène d’une telle ampleur. Ils tomberont toujours dessus chez l’un de leurs amis. De plus, ils ne peuvent être tenus à l’écart des nouvelles technologies. L’initiation au multimédia passe souvent par les jeux vidéos. Si vous vous inquiétez de leur contenu, autant vous équiper et investir dans les nombreux jeux ludo-éducatifs. Ceux-ci sont souvent très bien réalisés et deviendront vite captivants pour vos gamins. Surveillez tout de même qu’ils ne passent pas un temps excessif devant un écran et qu’ils pratiquent d’autres activités, notamment de plein air !
Si vous êtes inquiets pour vous-même, il est, a priori, inutile de vous alarmer et d’arrêter de jouer. Pour l’instant, la dépendance créée par les jeux vidéos ne semble pas totalement prouvée. Certes, si vous passer vos nuits à tuer des extraterrestres en réseau, si vous attendez que Lara Croft vienne sonner à votre porte ou si vous êtes prêt à vous battre dans un magasin pour obtenir le dernier modèle de console, il est peut-être nécessaire faire appel à un spécialiste…